
Nadia Belkacemi. 27 novembre 2020
Chronique de Nadia Belkacemi.
C'est un poème étrange retrouvé dans mes souvenirs Facebook ... On a même cru que j'y faisais l'apologie du colonialisme alors que c'était une caricature féroce des nostalgiques d'une certaine époque surtout ... Je le repartage et je garde même les nombreuses coquilles que je viens de repérer... Moh el ferhane... Yek ?
Moh el ferhane…
Colonisé mais farhane,
-colonisé mais heureux –
Il avait les cheveux pleins de poux
Mais Moh était heureux …
Il mangeait un jour sur deux
Mais Moh était heureux …
Il regardait le soleil, souriant
Ben oui, Moh était heureux …
Parfois au passage d’une patrouille
il souriait aux soldats qui ricanaient …
-Sale bicot, disait le plus méchant …
-laisse, lui au moins, il est souriant
Ce n’est pas un bicot dangereux …
Et Moh était heureux …
Allez savoir pourquoi dans son village
Les enfants, à son passage, criaient :
-Voici Moh le simplet !
Et Moh souriait
Faut croire que Moh était heureux …
Face au soldat se vidant de son sang
Moh souriait …
A croire que Moh était heureux …
Comme quand sa petite sœur mourut de typhus…
Sa mère pleurait tout en songeant qu’il y’aurait plus à manger aux enfants restant …
Elle pleurait encore plus
Moh souriait en la regardant pleurer …
On l’appelait le simplet,
Fallait-il être simplet
Quand on était simplement colonisé
Pour sourire ainsi ?
Un soldat décida de confisquer le sourire de Moh …
En ces temps-là
Moh colonisé et heureux
C’était étrange mais permis …
Mais sourire quand les maitres des lieux étaient malheureux
N’était plus le bonheur d’un simplet
Simplement un acte de rébellion …
Le soldat lui ordonna de cesser
Mais faut croire que Moh ne savait pas …
Le soldat le tua alors, harassé
par ce sourire qu’il ne comprenait pas …
On dit que depuis Moh revient parfois
Hanter les esprits, il fait dire à des gens instruits
-Et oui, la guerre est finie, les bicots sont allés à l’université !-
Qu’il était possible de sourire en étant colonisé
D’être heureux aussi …
Résonnent alors les voix venues de loin
Des gamins en haillons, un peu cruels :
-Voici Moh le simplet !
Moh sourit,
Faut croire qu’il sait que ceux qu’il hante ne se souviennent plus
De ces temps où ils ressembleraient à ces gamins …
Belkacemi Nadia .
Délire à un feu rouge et parce qu’hier j’ai lu une phrase surprenante « il aurait fallu chercher le bonheur avant de chercher l’indépendance « …je me suis souvenue de Moh ,le simplet et me suis demandée s’il est revenu …-
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